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N°1 – Avril 2004
EDITO
L’amitié et la passion lient solidement
depuis déjà quatre années une poignée de
spéléologues enracinés à un même
idéal qui est de mettre en valeur et sauvegarder l’une des
merveilles souterraines parmi les plus précieuses de France.
Le travail entrepris est déjà considérable, notamment la topographie en cours qui est en voie d’achèvement. Mais il reste beaucoup à faire. L’Association Malaval a besoin du concours de tous pour que la dépollution soit faite idéalement et que les parois origi- nellement blanches soient enfin toutes nettoyées.
Mais ce n’est pas tout : il faudra un jour
penser à la gestion des visites de Malaval, et donc faire en
sorte que la Réserve souterraine de Malaval devienne
réalité.
Ce premier bulletin de liaison des malavaliens a
pour but de les informer sur les travaux et projets en cours, mais
aussi de les unir.
D’autres bulletins suivront (remis aux adhérents), et même un mémoire spécial à venir, d’une centaine de pages, dont la ven- te aux seuls malavaliens servira à « gonfler » nos finances, la recherche de subsides étant nécessaire pour nos projets. Daniel André CONCOURS
DE LOGOS !
A vos crayons ! Vous qui
connaissez le site des Bondons et la
rivière de Malaval, nous vous sollicitons pour la
création d’un logo pour l’association. Envoyez vos œuvres par
e-mail à daniel.andre19@wanadoo.fr
avant le 31 août
2004 !
SOMMAIRE
L’Association Malaval Les principales activités depuis 1999 Les projets d’activités pour 2004 Ushuaïa Nature tourne dans Malaval ! L’indispensable dépollution de la cavité Une topographie au 1 : 200ème La découverte de Malaval : Un résumé historique 1850-1984 L’Association
Malaval
Comme l’a dit Michel Wienin,
alias Vetus Reptator dans un en-tête
humoristique, « Entouré
des sommets schisteux et
granitiques de la Lozère, un minuscule lambeau de causse
calcaire résiste encore et toujours à l’érosion
régressive du Tarn et du Lot. Et là, une bande de
Spéléix compte bien venir au bout de ses mystères
et la défendre … grâce à l’emploi d’une potion
magique à base d’eau et de carbure de calcium … Au nombre de ces
Spéléix et cheville ouvrière de notre association,
citons Daniel André qui a su mettre en relation les ‘’anciens’’
et les ‘’nouveaux’’, les ‘’de langue d’Oc’’ et les ‘’de langue
d’Oïl’’, enfin tout ceux pour qui Malaval était, est, et
sera un site idéal de recherches, de passions à assouvir,
de terrain d’expériences … de petits paradis
souterrains ».
Sa naissance, le 5 février 2002, avait été précédée par quelques ‘’regroupements’’ pour des séances de dépollution où après l’effort, autour de l’assiette et du verre de l’amitié, se sont tissés les liens entre les différents acteurs et a germé l’idée de l’asso- ciation dont les buts principaux sont : « La protection, la gestion des explorations et des études scientifiques du système hydro- géologique de la rivière souterraine de Malaval et autres cavités du Causse des Bondons ». Didier Sénégas Rouvière Les
visites dans Malaval
Parties de la cavité autorisées à la visite classique sur demande auprès de l’association (liste d’attente en fonction de la disponibilité de l’encadrement). Galeries Blanches et Super-Blanches : parcours assez facile. (porte fermée) Remarque : pas de visites actuellement pour cause de signature de conventions avec les propriétaires en cours. Nota : Pas d’éclairage acétylène dans les galeries supérieures concrétionnées. Ressortir votre carbure. Respecter le balisage en place. Certaines parties de la cavité sont régies par des mesures de protection strictes. Leur fréquentation est réservée uniquement à l’étude scientifique. La
topographie dans Malaval
Michel Chabaud a consacré beaucoup de son temps a lever la
topographie de la rivière souterraine de Malaval. Sa
to- pographie, datée de 1976, recensait 5678 mètres de
galeries dessinées sur un plan au 1/2000ème.
En 2000, sous l'impulsion de Daniel André, nous avons entrepris de reprendre les explorations de ce fabuleux réseau. Le confortable aménagement du puits artificiel des Combes permet d'atteindre aujourd'hui le cœur du réseau beaucoup plus rapidement que ne pouvait le faire Michel. Le débouché dans la rivière se fait à environ mi parcours du cours principal. Malaval n'avait pas livré tous ses secrets. En effet à la suite de quelques visites exploratoires, nous avons eu la chance de découvrir de nouvelles galeries et en particulier une, magnifiquement décorée d'anémolithes, des concrétions d'aragonite façonnées par les courants d'air. La topographie de ce nouveau réseau s'imposait et pour raccorder cette branche sur la topographie existante, nous avons donc décidé de reprendre la topographie sans occulter les travaux précédents. L'échelle choisie est le 1/200ème, c'est à dire qu'un mètre sur le terrain représente 5 millimètres sur le plan. Le choix de cette échelle a été dicté par la volonté de produire un document rapportant les détails morphologiques caractéristiques que révèle la cavité. L’objectif est de produire un document utile pour les générations futures. En fin 2003, nous avons topographié 6711 m de galeries. Nous avons passé 492 heures sous terre dont 325 heures de topographie. Daniel Chailloux La
dépollution
Le BRGGM, très intéressé par la présence de
filons métallique, plomb argentifère principalement, de
la région a creusé un puits artificiel pour
étudier le potentiel du sous-sol. Cela a entraîné
l’installation de passerelles en bois sur près d’un
kilomètre. En un demi-siècle, le pourrissement du bois
risquait de contaminer la distribution en eau potable du Hameau de
Malaval.
L’idée de base de l’association était de dépolluer la cavité et lui redonner son aspect originel. Commencée en 2000 par la dépollution de la partie amont du Puits de Mine sur environ 300 m, 2001 fut consacré au débi- tage de tous les troncs de la partie aval sur 700 m et établissement de plusieurs tas de bois disséminés de part et d’autre de la rivière. 80 personnes ont participé à cette opération qui se termina par une soirée paella offerte par Monique et Daniel. En 2002, vaste opération de dépollution lancée par la Co-jeunes. Transport à la chaîne des rondins sur 300 m et constitution de 4 gros tas. Durant l’hiver 2002-2003, débitage de toutes les passerelles et évacuation de tout le bois situé entre la grande salle et le tunnel. Durant l’été 2003, évacuation d’un nouveau tas vers la grande salle et le tunnel. Il reste actuellement un seul gros tas à évacuer à 600 m du Puits de Mine ; il reste aussi tout le bois stocké à base du Puits de Mine. Jean-Louis Galéra Principales
activités depuis 1999
On ne parle pas encore
d’Association Malaval en 1999. Pourtant, de gros
travaux de mise en sécurité du Puits de Mine des Combes
sont engagés lors des congés de la Toussaint :
assainissement des parois du puits, pose d’un plastique dans le tiers
infé- rieur du puits destiné à dévier l’eau
qui s’y déverse, pose de margelles, puis d’échelles en
aluminium destinées à faciliter les re- montées,
pose d’une porte verrouillant l’accès.
A Pâques 2000, Daniel Chailloux commence une topographie au 1:200ème dans les galeries Super-Blanches, de nombreuses photos sont réalisées dans la cavité. En juillet 2000, les franciliens organisent un camp à Castelbouc ; c’est le début d’une longue série de camps et de séjours qui se renouvelleront chaque année. Ce camp est marqué par la découverte de l’extraordinaire galerie Chabaud par une équipe qui topographiait l’affluent du Bramousset. Les découvertes minéralogiques à la faveur de l’exploration qui s’en est suivie (en parti- culier, des anémolithes d’excentriques remarquables) sont à l’origine de l’idée de la création d’une association destinée à la pro- tection du milieu souterrain de Malaval. Lors des congés de la Toussaint 2000, la galerie de la Quarantaine est découverte grâce à une escalade dans les galeries Blan- ches. C’est le point le plus haut de la cavité. L’équipe balise et topographie la galerie Chabaud. En mars 2001 et en mars 2002, deux importantes opérations de dépollution sont organisées, notamment avec la Commission Jeu- nes de la FFS. Elles rassemblent chacune 80 personnes environ ; FR3 a couvert l’événement. Durant les congés de Pâques 2001 et 2002, la presque totalité des galeries inférieures, intermédiaires et supérieures sont topogra- phiées : Bramousset, galeries Blanches et galerie de la Quarantaine. Lors d’une visite géologique du Causse des Bondons et du Bramousset extérieur au printemps 2001, une véritable carrière d’extraction de menhirs est découverte sur le socle granitique. En mai 2001, la fabuleuse galerie Monique est découverte. L’aragonite bleue massive est partout et les particularités minéralogi- ques ne se comptent plus : gour bleu unique au monde ! Le site est tellement fragile que sa visite a été réglementée. Nous consacrons le reste de l’année 2001 à topographier dans le cours actif de la rivière de la confluence jusqu’au sommet du puits des Combes, ainsi que la plupart des galeries fossiles intermédiaires de ce secteur. En février 2002, l’Association Malaval est officiellement constituée. Deux réunions de bureau seront organisées chaque année. Chaque année, l’AG aura lieu, à un moment de l’année qui peut rassembler le plus possible de personnes. La galerie Traversière est presque entièrement topographiée en juillet 2002. Nous avons visité le Bramont souterrain. En fin de mois, Daniel André établit des contacts avec le réalisateur d’Ushuaïa : cela débouchera sur un tournage en septembre. Au printemps 2003, nous entreprenons une désobstruction de grande envergure sous l’entrée naturelle de manière à pouvoir at- teindre les fondations du captage dans le but de permettre une distribution d’eau rendue potable dans le village de Malaval. Depuis lors, les galeries actives principales de Malaval sont progressivement topographiées lors de plusieurs séjours… En juillet 2003 la galerie des Tucs est balisée et topographiée. Une analyse de l’eau du réseau hydrologique est effectuée. Des repérages magnétiques sont effectués dans plusieurs endroits du réseau. Plusieurs scientifiques se rendent à Malaval (Richard Maire, Laurent Bruxelles, Alain Martaud, Jean-François Loubière…). On reçoit aussi la visite du préfet de la Lozère. Malheureusement, l’année est marquée par 3 accidents spéléos dans la cavité, dont un grave. Aussi, faut-il se rappeler que Mala- val reste une cavité difficile ! Les statuts de l’association sont adoptés lors d’une AG extraordinaire qui se tient à la Mairie des Bondons qui devient le siège de l’association. En octobre 2003, une soirée-débat avec les habitants des Bondons et de Malaval a été organisée à la Mairie des Bondons. Le but de cette discussion est d’expliquer ce que l’on fait et pourquoi, mais aussi de répondre à leurs interrogations. Philippe Guillemin Les
projets d’activités pour 2004
* Camps organisés par les Franciliens : - Printemps et Toussaint en gîte. - Juillet en camping à Castelbouc. * Activités : - Dépollution :
transport, découpage du bois et
remontée à la surface. Grande opération de
dépollution vers le 14/07. Début du nettoyage du carbure.
- Protection : fin balisage définitif des Galeries Super-Blanches. - Topographie : jonction entre les bouts de rivière déjà topographiés de manière à finaliser le squelette de la cavité. Topographie de bouts de galeries. - Désobstructions en cours : à l’entrée naturelle (captage de Malaval), à l’extrême amont, au fond du Bramousset. - Prospection : réaliser quelques escalades. - Scientifique : mise en place d’un inventaire scientifique de la cavité. Construction d’un mur dans la galerie artificielle de manière à barrer les échanges d’air avec la surface. * Bureau : - Choix d’un contrat d’assurance - Etablissement des conventions (propriétaires, association) - Subventions diverses (FAAL, PNC) - Relations avec le PNC. - Ecriture du règlement intérieur. Ushuaïa
nature tourne dans Malaval
« Trésors
Cachés » a
été présenté sur TF1 en mai 2003…
l’émission a été vue par 8 millions de
téléspectateurs ! Nicolas Hulot et Richard Maire
sont partis à la rencontre de Daniel André et nous ont
fait partagé dix minutes d’images sur Malaval : les Puechs,
la Rivière de Malaval et les galeries Blanches et
Super-Blanches. Le tournage a eu lieu en septembre 2002 avec une
quarantaine de techniciens ; des bons moments pour ceux qui ont pu
les vivre !
Philippe Guillemin La
découverte de Malaval
Résumé
historique 1850-1984
C’est à cause d’une question de
propriété des eaux que la grotte commença à
faire parler d’elle, vers 1850. En ce temps-là, l’ancien
propriétaire du Mas de Malaval (M. Bazalgette), fit creuser une
galerie artificielle dans la direction de la rivière souterraine
que son berger venait, dit-on, de découvrir après une
timide reconnaissance. En fait, la précision du creusement
(altitude, direction) suggère fortement l’intervention d’un
géomètre qualifié, probablement d’un
géomètre minier ; n’oublions pas que les mines de
plomb argentifère de Montmirat et de Vialas sont alors en
pleine activité. Quand le propriétaire parvint dans la
grotte, après avoir creusé une galerie longue de 120 m,
l’eau qu’il détourna à son profit enrichit son domaine,
et assécha une source voisine…, d’où un conflit digne
d’un roman de Pagnol. En 1895, Paul Arnal et Jules Barbot, au cours
d’une prospection dans la vallée du Lot, visitèrent deux
grottes « à Malaval, qui ne présentent aucun
intérêt » devait dire l’un d’eux plus tard dans
une note. Par erreur, la découverte de la troisième
grotte lozérienne fut généreusement
attribuée à Paul Arnal, sur la seule foi de cette
indication. En fait, plusieurs mas s’appellent Malaval en
Lozère. Celui des deux grottes vues en 1895 est situé
dans la commune de Brénoux, au pied sud du Causse de Mende...
Mais il est certain que Jules Barbot a visité
l’entrée de la grotte en été 1896 : il
signala y avoir noté un très fort courant d’air.
Ce ne fut qu’en 1899 qu’Ernest Cord et son frère Gustave (amis et collaborateurs de Paul Arnal et premiers membres de la Société de Spéléologie de Martel) étudièrent les cavités proches du Mas de Malaval, dans la commune des Bondons. Ernest Cord préparait une thèse de géologie, alors que son frère élaborait sa thèse sur « La propriété spéléologique ». Une photo prise à l’époque, et sur laquelle on voit une lanterne, démontre qu’une exploration spéléologique a dû être entreprise. En août 1907, Hippolyte Arnal, de Florac (frère de Paul Arnal) proposait aux membres du Club Cévenol une exploration à la « source-grotte de Malaval ». On n’a jamais su si cette sortie eut lieu, quelles furent les personnes qui voulurent ou purent y participer, et quels en furent les éventuels résultats. Paul Arnal était-il de cette expédition ?
L’existence de la grotte retomba dans l’oubli,
jusqu’à ce que le Dr Charles Morel père, au cours de ses
prospections archéologiques sur le causse des Bondons (champs de
menhirs), remarquât son orifice, fortement soufflant en 1925.
Paul Arnal, vieillissant, désirait que l’exploration de Malaval fût vraiment entreprise, au cas où se cacherait sous le plateau un nouveau Dargilan, ce qui servirait les intérêts touristiques de sa bonne ville de Florac toute proche. A chaque rencontre avec Louis Balsan ou Jacques Rouire, Paul Arnal insistait...
En août 1947, le Dr Gajac, de Mende et
Marvejols, fit une courte reconnaissance : le Dr Morel lui avait
indiqué l’emplacement de la caverne. Le 29 septembre 1948, il
visita les cinquante premiers mètres. Ayant appelé en
renfort Jacques Rouire et d’autres spéléologues, il
explora la grotte jusqu’à 350 m de l’entrée. Le 8
octobre, tout le monde parvint à la rivière souterraine.
Le 9 octobre, le Dr Gajac et deux mendois (dont René Gerbal)
arrivèrent devant les premières cascades.
Dans la grotte, le
terminus se fit à cause de
la présence d’un « lac » de boue long de
150 m.Du 10 au 24 octobre de la même année, les équipiers de Jacques Rouire et le Dr Gajac s’arrêtèrent à environ 1 500 m de l’entrée. Les membres de la Société Spéléologique de la Lozère progressèrent encore plus en amont. L’année d’après, à partir du 26 juin 1949, l’exploration fut reprise, avec la collaboration du Club Alpin Français de Millau. A la mi-juillet, entre 2 500 et 3 000 m de galeries furent reconnus. Une coloration du ruisseau à son point de perte (en aval) fut faite le 16 juillet, qui révéla la véritable émergence naturelle, à Monteils, dans un beau vallon voisin.
En février 1950, Gajac observa le ruisseau du
Bramousset (affluent du Bramont) dans l’espoir de découvrir une
perte colorable susceptible de démontrer l’origine
allogène du drain de Malaval. Le 23 juillet, l’équipe
revint à la charge sous la direction conjointe de Gajac et de
Rouire. Le terminus 1949 fut dépassé et le
développement fut porté à 3 500 m environ
(point extrême atteint à 3 100 m de l’entrée).
Charles Frayssignes, de l’Alpina de Millau, faillit s’enliser dans le
« lac de boue » liquide.
En 1952, renforcée de membres du Spéléo-Club de Paris, l’équipe découvrit 800 m de plus. Plusieurs topographes se succédèrent pour lever un plan (sommaire) jusqu’à 1 886 m de l’orifice.
Jacques Rouire était, alors, un tout jeune
ingénieur du B.R.G.G.M (Bureau de Recherches Géologiques,
Géophysiques et Minières, prédécesseur du
B.R.G.M. actuel). Ce qu’il avait vu dans la grotte (filons
métallifères), conjugué à la disposition et
à la longueur de la rivière souterraine, lui fit
imaginer, avec l’assentiment de ses supérieurs, de
procéder à une étude directe et minière du
sous-sol du Causse des Bondons. De plus, l’occasion se
présentait de former une équipe d’ouvriers au forage de
puits en vue d’exploitations dans d’autres sites. Afin de permettre le
creusement d’un puits artificiel qui faciliterait ces recherches, une
nouvelle expédition fut décidée pour les 24 et 25
mai 1953, toujours par la même équipe, et pour le compte
du B.R.G.G.M.
Jean Mazencq, du Club Alpin Français de Millau, dirigea une équipe de topographes, du point 1 886 m au point 3 391 m. A cette occasion, près de 600 m furent découverts, en amont de la galerie médiane, et dans un affluent.
Tout le monde fut à pied d’œuvre,
l’année d’après, durant le mois de juin. Un photographe
de la revue américaine Life (Gabriel Albicocco) faisait partie
de l’expédition. Pour la petite histoire, il faut savoir que ce
jeune reporter devait devenir un grand metteur en scène, ayant
à son actif le tournage d’un film sur « Le Grand
Meaulnes », d’après le roman d’Alain-Fournier.
En 1954, la majeure partie du réseau était déjà acquise, le développement passant à près de 5 000 m. Par la suite, d’importants travaux du B.R.G.G.M. furent entrepris : un puits de 32 m fut forcé, la rivière fut aménagée sur plus de 1 000 m (sommairement), et les cascades furent équipées d’échelles fixes en fer. Les ouvriers, non spéléologues, furent les premiers pilleurs des merveilles passées de la rivière souterraine de Malaval...
Fin 1959, le B.R.G.G.M. envisageait d’abandonner les
recherches, les filons de galène s’avérant ne pas
être rentables. Peu de temps après, le puits artificiel
fut fermé ; il ne fut plus rouvert qu’exceptionnellement
pour permettre aux spéléologues guidés par le Dr
Gajac et par Jacques Rouire de visiter Malaval. La garde de la porte
fut confiée au propriétaire. Hélas, la porte
sauta, et de nombreuses concrétions aussi !
En août 1969, le Club Alpin Français de Millau découvrit une belle galerie dans une branche annexe, malheureusement sans suite. Des spéléologues parisiens, après s’être trompés dans leur progression à partir de l’entrée naturelle, découvrirent, sans le savoir eux-mêmes, le réseau dit « des Tucs » ou des « Trucs », dont la particularité est d’être large. Le Dr Gajac retourna souvent dans la grotte, y initiant de nombreuses personnes. Michel Chabaud se prit de passion pour cette caverne majeure de la Lozère, et, devant l’absence de document topogra- phique exhaustif, décida d’entreprendre une longue série de mesures... qui l’obligèrent à venir très souvent sur le plateau des Bondons, par tous les temps, campant souvent sur place malgré le froid, parfois la neige.
Le 30 août 1974, deux pilleurs de cristaux de
Nîmes furent pris sur le fait : ils venaient de scier des
concrétions qu’ils ten- taient à grand peine de sortir
dans
des sacs. Après que plainte fut portée, s’ils ne furent
pas
condamnés à verser des dommages et intérêts
aux propriétaires lésés, ils furent radiés
à vie de la F.F.S., dont le Président de l’époque
était lui aussi celui de leur propre club.., dont ils furent
également expulsés ; l’un d’eux en perdit même
son emploi. A partir de ce fait déplorable, l’accès
à la grotte fut réglementé.
Néanmoins, Michel Chabaud et ses
équipiers purent achever le travail topographique en 1976.
Le 22 avril 1979, le spéléologue gardois Jean-Pierre Bret fait une chute grave ; peu de temps après, le 4 novembre de la même année, c’est au tour de Jacques Choppy (Spéléo-Club de Paris) de se luxer une cheville à 800 m de l’entrée...
C’en est trop pour les autorités locales qui
décident d’interdire la grotte aux spéléologues.
En 1984, un projet d’ouverture d’une mine d’uranium à proximité fait se poser la question d’un classement de la grotte, car le périmètre de la concession englobe une partie du réseau, et certaines personnes craignaient que les ingénieurs ne veuillent s’en servir en tant que galerie de recherche toute creusée. Michel Wienin et Daniel André A
lire …
« Echanges d’expériences sur la protection du milieu souterrain » – Actes du colloque – St Marcel d’Ardèche Toussaint 2002 - ARSPAN – CDS07 et FFS. L’Association Malaval y est présentée par Philippe Guillemin. __________________________________ Appel de cotisations (nominatif) exercice 2004 (1er avril au 31 mars) Nom / Prénom : …………………………………. Adresse : ……………………………….………… ……………………………………………............. Tel. : …………………… / ……………............... e-mail : …………………………………............... ¨ Membre bienfaiteur : Un membre bienfaiteur soutien les objectifs de l’association. ¨ Membre actif : Est considéré membre actif un spéléologue participant de façon concrète aux actions planifiées par l’association. Club d’origine : ……………………Dép. : ……… Etre membre de l’association ne donne pas le droit de visiter certaines parties de la cavité et d’organiser des sorties sans accord du bureau ou du propriétaire. Votre cotisation (15 €) est destinée à faire vivre l’Association Malaval. Mais c’est surtout une contribution morale. Nous vous en remercions. Le Bureau. Attention : l'adhésion à l'association est subordonnée à l'accord du C.A. Les personnes éventuellement intéressées sont invitées à prendre d'abord contact avec l'association plutôt que d'envoyer directement un chèque. ------- Réflexions
de fond….
Abus de langage….
Un abus de langage, c’est employer un mot au-delà de son sens
normal, lui faire dire ce qu’il ne dit précisément pas,
c’est qualifier le causse de cévenol, c’est mettre Nîmes
en Provence, le bas Gard en Camargue, c’est faire du « Bleu
des Causses » en Margeride ou du Champagne en Californie….
L’abus de langage, c’est la base même du vocabulaire d’office de
tourisme – il ne faut plus dire « de syndicat
d’initiative », ça fait plouc- et autres
dépliants publicitaires. On frise parfois l’escroquerie
intel- lectuelle…
Mais foin de la linguistique et vive la spéléo : une corde reste une corde et même si une grotte n’est pas un aven, personne n’a jamais su dans quelle catégorie classer notre cher Malaval. Il y a pourtant chez nous aussi quelques termes dont l’utilisation n’est pas toujours des plus rigoureuses.
Je commencerai par le verbe « explorer » que trop
de clubs confondent avec le simple fait d’effectuer une visite
classique, avec guide (pas toujours indigène) ou pour le moins
topographie en main. Trop de clubs clament bien haut qu’ils ont
exploré 3 km de rivière de Malaval ou l’aven de Hures
jusqu’à –200 alors qu’il n’y a pas la moindre exploration
là dedans. Explorer contient l’idée de rechercher dans
l’inconnu : pour nous le gamin qui s’enfonce dans un terrier
à lapins derrière sa maison a davantage droit au titre
d’explorateur que celui qui « se tape » n’importe
quelle classique, si difficile soit-elle. La performance physique est
souvent utile à l’exploration ; elle n’en est ni la
garantie ni la voie obligée. A l’association Malaval, notre
volonté est de rester des explora- teurs, pas de simples
visiteurs
d’un terrain d’aventures aseptisées.
Un autre mot employé souvent à tort et à travers
est celui-la même de
« spéléologie » ! La biologie
étudie les êtres vivants, la géologie
s’intéresse aux roches, la cosmologie sonde l’espace, la
psychologie analyse l’esprit humain…, la spéléologie
cherche à mieux connaître le monde souterrain. La
coexistence d’expressions comme « spéléologie
scientifique » et « spéléologie
sportive » montre qu’il s’agit de pôles
complémentaires de notre activité. On n’est pas
spéléologue en laboratoire, on ne l’est pas davantage si
on se contente de circuler sous terre sans essayer de mieux comprendre
ce qu’on y voit. Il suffit de comparer le contenu de nos revues,
même généralistes ou grand public (Spelunca,
Spéléo Magazine, bulletins de clubs…) pour faire la
différence avec celles de la presse sportive : l’esprit
n’est pas le même. Dépendant curieusement des services de
la Jeunesse et des Sports alors que ceux de la recherche seraient aussi
indiqués, nous pratiquons une activité qui exige un
engagement physique évident (et que nous aimons !) mais
aussi un vrai travail intellectuel dans des domaines étonnamment
variés : géologie, hydrologie, biologie,
environne- ment, topographie, photographie, archéologie,
informatique… Dès les années 1930, Robert de Joly parlait
non sans humour d’ « athleto-sapiens » pour
bien montrer cette double personnalité de l’explorateur des
cavernes. Pour ceux que le côté recherche (exploration,
études scientifiques…) ne préoccupait pas, il inventa
même les termes de
« spéléisme » et de
« spéléiste », calqués sur
alpinisme et alpiniste. Aujourd’hui, d’assez nombreux pratiquants se
classent en fait dans cette seconde catégorie, même si le
mot semble avoir disparu. Oublieux du « logue »
auquel nous tenons par contre beaucoup, ils ne cherchent qu’à
profiter pour leur plaisir des découvertes des autres, une
mythique « solidarité
spéléo » devant regrouper travailleurs
acharnés et simples profiteurs est sensée leur
donner le droit d’aller partout. C’est pour cela que le
règlement des visites de Malaval que nous élaborons
prévoit une participation obligatoire en nature aux travaux de
l’association : études, désobstruction,
dépollution, mise en place de protec- tions… Le but n’est pas
d’exclure qui que ce soit, il est de faire participer chacun à
l’œuvre collective. Et tant pis pour les profiteurs !
Je poursuivrai cet inventaire par une expression dont l’emploi à contresens, quasi-systématique, semble relever de la désinformation, pour reprendre un terme à la mode. Ne soyons pas mauvaise langue, il ne s’agit sans doute que de simple publicité, pardon communication d’entreprise. Il s’agit de « spéléologue professionnel » qui devrait désigner des personnes vivant de leur travail d’exploration. On pense tout de suite à Norbert Casteret, à Michel Siffre… J’y ajouterai, même si ce n’est qu’une partie marginale de leur activité, quelques ingénieurs travaillant pour les sociétés d’autoroutes ou le TGV et explorant les cavités découvertes au fur et à mesure des chantiers. Et bien non, un spéléologue professionnel n’explore pas, n’étudie rien, il accompagne des grou- pes de visiteurs payants dans des endroits bien connus et pas trop difficiles. Pour éviter toute ambiguïté, je me contenterai de parler d’accompagnateur en milieu souterrain, c’est plus neutre et plus objectif. Pas de faux procès toutefois, il est question de lexique, aucunement d’escroquerie. Qu’on me permette quelques remarques : - Un certain
nombre de ces accompagnateurs sont par
ailleurs de vrais spéléologues qui prospectent,
désobstruent, explorent, topographies, participent à des
expéditions lointaines… C’est même souvent à partir
de là qu’ils ont choisi cette voie. Dans une période
où, en Lozère, les relations entre accompagnateurs et
explorateurs sont relativement tendues, il faut le redire bien
haut : ceux qui participent à la recherche
spéléologique, aux publications, à la formation
des jeunes, au Spéléo-Secours… ont toute leur place parmi
nous. A eux toutefois de ne pas faire interférer leur
intérêt personnel avec celui de la
spéléologie proprement dite. Quant aux autres, ceux qui
ne s’intéressent qu’à gagner de l’argent sous terre
(c’est leur droit) je vois mal ce qui, hors un intérêt
purement financier, pourrait leur donner envie de venir chez nous, et
encore moins à nous de les accueillir.
-
L’accompagnement souterrain peut être
une excellente chose : il donne une image positive de la
spéléologie et en a permis la découverte à
diverses personnes qui s’y sont ensuite engagées pour de bon. Il
suffit qu’il ait lieu dans de bonnes conditions humai- nes et
légales.
Humaines, ça veut dire que le ou les accompagnateurs doivent
être bien sûr compétents sur le plan
technique, en fonction des difficultés d’une cavité
qu’ils connaissent bien. Je me souviens avoir croisé, il y a
quelques années, un groupe d’enfants armé de quelques
lampes de poche et encadrés si j’ose dire par deux moniteurs
cherchant à se repérer sur le plan d’une
cavité
d’initia- tion des gorges du Tarn où ils mettaient les pieds
pour
la première fois. Brrrr…. Je pense que les diplômés
actuels ne joueraient plus à ce genre de petit jeu. Ca veut dire
également qu’ils doivent être passionnés de cette
activité si particulière pour pouvoir faire passer
quelque chose de la richesse de leur relation au monde souterrain –et
là, pas de problème pour ceux qui sont
spéléos par ailleurs. Pour d’autres des demandes
d’entrée dans mon club en provenance de gens sans autre
motivation que de passer l’op- tion spéléo, jugée
sans doute relativement facile, de leur « B.E. »
me donne un peu à réfléchir. Certains sont sans
doute devenus ce genre de « pros » comme j’en ai
croisé l’année dernière, piétinant
allègrement avec leurs clients une série exceptionnelle
de bauges d’ours des cavernes, se frottant sans les montrer ni sans
doute même les voir contre les griffades qui recouvrent les
parois, n’ayant pas un mot pour des formes d’érosion
exceptionnelles... J’ai rencontré trop des gens
déçus à qui on avait fait traverser de belles
cavités sans leur en montrer les vraies richesses. Soyons
clairs : ce genre de visites-là, nous n’en voulons pas.
Comment peut-on avoir un diplôme d’état et fonctionner
comme un oreillard (la
chauve-souris-avec-des-oreilles-d’âne) ?
Il y a aussi le côté légal qu’on néglige
souvent. Le souvenir de la « belle
époque » où n’importe qui pouvait faire
n’importe quoi n’importe où et à peu près
n’importe comment sous terre s’efface lentement dans les brumes
altzheimeriennes des plus vieux d’entre nous…. L’état est
partout, avec son évangile laïque, la loi. Activité
marginale et protéiforme, la spéléologie
proprement dite échappe encore un peu aux griffes de Big Brother
franco-euro-mondialisé. Plus franchement inséré
dans le tissu économique au sein de la nouvelle mine d’or du
tourisme, l’accompagnement en milieu souterrain est autrement
encadré, même si quelques petites structures commerciales
parviennent encore à passer entre les blocs de la trémie
revêtues d’une combinaison de « clubs » loi
1901. Ce n’est pas nouveau et ne nous regarde pas mais je n’aimerais
pas être à la place du président ou du
trésorier de ces organismes en cas de contrôle fiscal.
Appliquons le principe de précaution et évitons de tels
flirts ambigus !
Rien à dire par contre avec ceux qui sont en règle avec la loi et ne mélangent pas les genres. Quand je pense qu’il n’y a pas vingt ans un ancien président du Comité Spéléologique Régional s’est vu traité de tous les noms de chauves-souris possibles et imaginables par ses collègues pour avoir osé créer une société touristique qui avait mis en place les premiers accompagnements spéléologiques dans un cadre juridiquement défini et déposé en même temps l’expression de Safari souterrain ®, mais oui, déposée en tant que marque, même si pas mal de gens ne se sont pas gênés depuis pour l’usurper. C’était un modèle, en avance sur son époque, travaillant déjà sur la base d’une convention établie avec les propriétaires des cavités qui recevaient (et reçoivent toujours !) un pourcentage défini sur chaque entrée payante. Ledit contrat prévoyait à la fois un monopole d’exploitation touristique et la liberté d’accès pour les membres de la F.F.S. S’il y a eu des accrocs à la cohabitation, ce n’est pas de là qu’ils sont venus.
Revenons à Malaval (et les conclusions sont valables pour toute
autre cavité intéressante) : certaines parties sont
trop difficiles d’accès, trop fragiles pour êtres ouvertes
à des visites régulières ; certains
propriétaires peuvent également y être
défavorables, l’accès à la rivière peut
être limité pour des raisons sanitaires etc. Ailleurs, il
faut être clairs, en l’absence de toute mesure de protection,
nous n’avons ni droit ni raison de nous opposer à ce qu’un
propriétaire passe un contrat avec qui bon lui semble pour
mettre en valeur son bien. Je dirai même tant mieux pour
lui ! N’oublions pas que pour la loi les aménagements fixes
(broches, cordes…) destinés aux visites payantes sont de
même nature que l’ascenseur ou l’éclairage de l’aven
Armand : ce sont des investissements. Par contre les petits
malins, ou les « faux-clubs » peu regardants sur
la légalité de leurs pratiques et qui « font
leur beurre » en exploitant clandestinement le patrimoine
d’un particulier ou d’une collectivité, pour eux, ce n’est pas
d’escroquerie intellectuelle qu’il faut parler ! Et nous ne devons
avoir aucune relation spécifique avec eux.
Finissons par une dernière figure de style qui est loin
d’être innocente : l’emploi du mot
« liberté » pour justifier n’importe quoi.
L’article 4 de notre bonne vieille déclaration des droits de
l’homme de 1789 la définit ainsi : « La
liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas
à autrui ». Mais retournons à nos stalagmites.
« Liberté d’accès aux
cavités » ; jusqu’à une date
récente, la question n’avait de sens que pour une poignée
de cavités aménagées. Il restait de la place pour
la recherche et le loisir. Avec le développement de
l’accompagnement en milieu souterrain, toute cavité d’un certain
développement est potentiellement valorisable. C’est donc un
patrimoine que son propriétaire regarde d’un œil nouveau et la
confusion entretenue entre la pratique spéléologique
traditionnelle et l’exploitation économique du site commence
à poser des problèmes. Soyons clairs :
l’accompagnement sauvage qui cherche à évincer le
propriétaire est un danger pour la vraie
spéléologie. Il serait temps que nos instances
fédérales (FFS, CDS…) s’en rendent compte pour de bon.
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